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Lieu mythique, le château de Versailles n’a cessé d’évoluer et de se transformer. Ce qui fut un lieu d’exercice du pouvoir avant de devenir, dès le 19e siècle, un musée, n’était-il pas auparavant un simple relais de chasse ? Du château de Versailles, on connaît surtout la galerie des Glaces, le Grand Appartement du Roi, le Domaine de Trianon ou encore les jardins. Mais saviez-vous que les princes de la famille royale et les titulaires de grandes charges demeuraient au château ? Et que les courtisans de moindre importance étaient logés dans les dépendances ?
Favorite du Roi Louis XV, la comtesse Du Barry disposait ainsi de son appartement privé. Après une première restauration entre 1943 et 1947, l’appartement de Madame Du Barry bénéficie d’une seconde restauration grâce au soutien du Groupe AXA.
Les monuments du patrimoine historique sont des témoins du passé. Les représentants des générations actuelles sont des passeurs de mémoire. Nous avons pour devoir de transmettre ce que les générations précédentes ont laissé derrière elles. Avec les monuments, ce sont les nombreux savoir-faire précieux de l’artisanat d’art qu’il convient également de préserver.
C’est cet amour du patrimoine qui anime Frédéric Didier, architecte en chef des monuments historiques, notamment chargé du château et de la ville de Versailles. « Je suis tombé dans le patrimoine quand j’étais petit, j’étais passionné ». Sa double formation d’historien de l’art et d’architecte lui permet d’accomplir une vocation. Aujourd’hui encore, il est comblé par cette activité qui lui procure « le juste équilibre entre une réflexion sur le patrimoine et l’action ». Et d’ajouter : « Nous sommes ici pour sauver le patrimoine […] Nous avons un double rôle de conservation du patrimoine et de transmission des savoir-faire […] Je suis en prise directe avec le monde réel. »
C’est donc sous l’étroite surveillance de Frédéric Didier qu’a débuté la restauration de l’appartement de Madame Du Barry en février 2021. L’œil du maître est implacable lorsqu’il s’agit de retrouver l’aspect original de tel ou tel élément d’architecture : « Le pire péché pour l’architecte est le péché d’ignorance. Chaque chantier est une nouvelle enquête. Il faut être à l’affût du moindre indice pour savoir pourquoi c’est comme ceci et pas autrement. Il faut retrouver l’authenticité, la richesse et la profondeur historiques et archéologiques du lieu qui vont, ensuite, nous procurer une jouissance esthétique. »
Avec ses quatorze pièces, sa surface de plus de 350 m² et sa vue imprenable sur la cour de marbre pour les pièces de réception, l’appartement de Madame Du Barry témoigne de l’art de vivre au 18e siècle.
Loin d’être figés dans une époque, les monuments évoluent avec leur temps. Les matériaux modernes remplacent parfois les matériaux qui étaient autrefois utilisés. Les machines peuvent ponctuellement remplacer certains gestes du passé ou certaines tâches pénibles. Toutefois, la conservation, la protection et l’entretien du patrimoine se font toujours avec le souci de préserver l’essence-même d’un monument, ce qui le définit intrinsèquement.
Ce ne sont pas un mais plusieurs corps de métier qui interviennent dans ce chantier de grande ampleur qu’est la restauration de l’appartement privé de Madame Du Barry. Menuisiers, peintres, doreurs, serruriers, ferronniers, marbriers ou stucateurs : pas moins d’une cinquantaine d’artisans exercent leur art dans cet appartement afin de lui redonner tout son lustre. « La France a la chance d’avoir encore beaucoup de métiers d’art et d’artisanat de très grande qualité, » se félicite Frédéric Didier. « C’est en très grande partie dû au service des monuments historiques et au soutien de l’État. » Néanmoins, l’architecte en chef tient à rappeler qu’il n’y a « pas de sous-métier ». Pas question de séparer les métiers d’art des autres métiers. Chacun a sa place et c’est cette complémentarité qui permet d’aboutir à une restauration exemplaire.
La restauration de l’appartement de Madame Du Barry doit se poursuivre jusqu’en juin 2022. Mais, d’ici là, vous pouvez déjà découvrir les multiples autres trésors que recèle le château de Versailles.
Engagé de longue date pour la protection et la transmission du patrimoine, AXA soutient depuis de nombreuses années les lieux symboliques de la culture française ayant une portée internationale. Alors que les lieux de culture ont été fragilisés dans leur ensemble par la baisse de fréquentation liée à la crise sanitaire, il est d’autant plus nécessaire d’agir et de se mobiliser.