« Nous allons étendre nos engagements de neutralité carbone aux activités d’assurance »

Dans quel contexte intervient la création de la Net-Zero Insurance Alliance et qu’entend-on par « neutralité carbone » ?
Depuis 2015, l’Accord de Paris est venu offrir un cadre mondial à la lutte contre le réchauffement climatique. Les Etats signataires s’engagent à limiter l’augmentation de la température moyenne dans le monde à 1,5°C d’ici 2100. D’après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), cet objectif requiert que les émissions nettes de CO2 tombent à zéro d’ici 2050. Cela signifie que la différence entre la quantité de CO2 émise et la quantité de CO2 de l’atmosphère absorbée doit être égale à zéro. C’est la neutralité carbone.

AXA a été parmi les premiers assureurs à s’engager pour la neutralité carbone. En 2019, nous avons rejoint la Net-Zero Asset Owner Alliance (NZAOA) sous l’égide de l’UNEP-FI, l’organe financier du programme des Nations Unies pour l’environnement, pour aligner notre portefeuille d’investissements sur cette trajectoire. Nous souhaitons désormais étendre cette initiative aux activités d’assurance et de souscription.

Quelle est la mission de la NZIA et quel rôle va jouer AXA ?
AXA a beaucoup progressé sur le volet « investissement » : nous avons doublé notre objectif d’investissements verts, lancé une nouvelle classe d’actifs – les transition bonds -, et émis nos premières obligations vertes. Au-delà de ces avancées, nous devons accélérer car la décennie actuelle est décisive pour la lutte contre le changement climatique. Les actions que nous menons via notre politique d’investissements constituent une première étape utile mais doivent maintenant être complétées via les services d’assurance que nous fournissons.

AXA a donc appelé, en décembre dernier, à la création de la Net-Zero Insurance Alliance (NZIA). Sur le modèle de la NZAOA, la NZIA étend les engagements de neutralité carbone aux activités d’assurance. Cette coalition internationale, dont AXA assure la présidence et qui rassemble 7 autres grands assureurs et réassureurs, vise à développer des standards et outils permettant aux membres de la NZIA, sur une base individuelle, d’aligner leurs portefeuilles d’assurance sur la trajectoire de l’Accord de Paris. La NZIA rejoint également la Glasgow Financial Alliance for Net-Zero qui réunit l’ensemble des initiatives visant à accélérer la transition du secteur financier et de l’économie vers l’objectif de « zéro émission nette ».

Comment la NZIA va-t-elle permettre à l’assurance de contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris ?
Dans un premier temps, la NZIA va développer des outils et une méthodologie qui permettront de mesurer l’empreinte carbone des portefeuilles d’assurance. Grâce à ces photographies, les assureurs pourront mieux accompagner les clients dans leur transition. Dès lors, nous viserons à encourager les activités qui favorisent des comportements vertueux. Par exemple, dans leur activité de souscription, les membres de la NZIA, individuellement, peuvent envisager des programmes structurelles pour encourager des activités vertes, comme l’usage d’énergies renouvelables ou de véhicules propres. Ils peuvent aussi appliquer les principes de l’économie circulaire à la gestion de sinistres, en favorisant par exemple l’utilisation de pièces détachées recyclées ou de matériaux verts pour la reconstruction de bâtiments. Il y a là un alignement d’intérêts, puisque cela conduit aussi à une réduction des coûts pour le client.

De nombreux pilotes existent déjà chez AXA, notamment en France, en Suisse et en Espagne. La NZIA va promouvoir ces bonnes pratiques et déployer une stratégie « zéro émission nette » cohérente. Concernant les clients entreprises, notamment dans le secteur de l’énergie, nous pourrons mieux les accompagner en tenant compte de la façon dont ils conduisent leurs activités spécifiques. A l’image de ce qui a été fait dans le secteur du charbon, nous allons travailler avec les clients pour faciliter et soutenir une transition grâce à l’innovation et aux technologies vertes.

Quel est les principal défi à relever pour mettre en œuvre cette initiative ?
Nous devons adapter la démarche de neutralité carbone aux activités d’assurance. Les méthodologies et instruments de mesure de la contribution au dérèglement climatique sont à un stade de développement moins avancé dans le domaine de l’assurance que dans le champ des investissements, et la maturité du modèle économique face à ces enjeux est également moindre.

Nous sommes aussi conscients du défi que représente la mesure de l’impact du climat dans les différents types de couverture. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes concentrés initialement sur l’assurance dommages. Il y a un formidable espace de progrès devant nous. Mais fondamentalement, dans l’assurance comme pour les investissements, il ne peut s’agir que d’un effort collectif : il est essentiel que l’économie sous-jacente accélère sa transition, et c’est précisément ce que la NZIA souhaite soutenir.

Quelle est la feuille de route d’ici la COP 26 ?
Nous avons reçu de nombreuses marques d’intérêt et allons continuer à y répondre. L’objectif est que, sur la base des engagements que nous venons de rendre publics, la NZIA puisse s’ouvrir à de nouveaux membres venant du monde entier. Nous prévoyons également de publier un premier white paper sur la méthodologie développée par la NZIA et visons de présenter les premières avancées concrètes de l’alliance lors de la COP 26.