21 novembre 2019
4 minutes
Celle qui les a développés, Serap Aksu, a été guidée tout au long de sa carrière par l’idée de créer des outils efficaces. Déjà dans son lycée, près d’Istanbul, ce qu'elle préférait était produire et expérimenter. « J’ai été sélectionnée pour représenter la Turquie en chimie à un concours international des sciences en Grèce », se souvient-elle. Elle en est ressortie avec une médaille de bronze et le sentiment inébranlable d’être dans son élément. Elle ne s'est jamais sentie limitée ni contrainte dans ses choix : « Je suis née dans une région où même les familles les plus démunies sont prêtes à vendre tout ce qu’elles possèdent pour envoyer leurs enfants à l’école, pour leur donner toutes les chances d’avoir un brillant avenir », explique-t-elle. Ce qui lui a donné la liberté de s’imaginer le futur qu’elle voulait.
C’est pourquoi une fois le lycée derrière elle, elle a suivi sa passion pour la création d’objets et a choisi de mettre à profit son esprit analytique en devenant ingénieur. Elle est allée à l’Université Sabanci à Istanbul pour étudier les sciences des matériaux. Son esprit pratique lui a permis de s’épanouir dans les situations de résolution de problèmes. Tant et si bien que ses conseillers l’ont poussée à poursuivre une carrière universitaire, en détectant son potentiel pour la recherche. Elle s’est inscrite à un doctorat à l’Université de Boston, aux États-Unis, où le centre de photonique est devenu sa nouvelle maison.
Ces années d’études en technologie et science de la lumière influencèrent ce qui deviendra une innovation révolutionnaire : Serap développe aujourd’hui une méthode de détection précoce du cancer du col de l’utérus qui utilise des structures métalliques nanométriques comme biocapteurs pour détecter des fragments d'ADN issus des virus du papillome humain (VPH) de types cancéreux. Et les impacts sont énormes. Deux types de VPH en particulier, le 16 et le 18, sont à l’origine de 70 % des cancers et des lésions précancéreuses du col de l’utérus. La vaccination est accessible aux jeunes filles âgées de 9 à 14 ans depuis 2006, et le test de dépistage VPH est une mesure de détection efficace, mais les coûts associés à de telles procédures sont prohibitifs. D’autant plus que selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 85 % des 311 000 femmes décédées à la suite d'un cancer du col de l'utérus en 2018 vivaient dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires. L’invention de Serap permet non seulement d’améliorer la fiabilité et la précision de la détection du virus oncogène, mais aussi son accessibilité et sa efficacité.
« J’ai toujours voulu faire quelque chose d’utile pour les gens », souligne-t-elle. « Même mes amis peuvent en bénéficier. J’ai l’esprit pratique : quand je vois un problème, je cherche une solution, la solution la plus efficace que je puisse trouver ». Un état d’esprit qui a été encouragé par son directeur de thèse, qui selon elle a eu la plus grande influence sur sa carrière. Elle est aujourd’hui la première et unique femme professeure adjointe au département de physique de l’Université Koç à Istanbul. Plutôt que de rejoindre le secteur privé, elle a choisi de retourner dans le monde universitaire afin de contribuer à former la prochaine génération d’ingénieurs. « Je veux transmettre mes connaissances », explique-t-elle. « Je pense qu’il est de ma responsabilité d'aider les autres à profiter de ce dont j’ai bénéficié. J’ai le sentiment de pouvoir avoir une influence sur leur carrière, comme mes conseillers pédagogiques en ont eu sur la mienne. Je leur dis toujours qu’il existe une solution à chaque problème, il suffit d’être assez persévérant pour la trouver ».
Serap est l'une des 8 scientifiques ayant reçu une bourse postdoctorale dans le cadre de l'appel à projets du Fonds AXA pour la Recherche sur la santé des femmes.
« Les femmes sont un axe de développement de notre vision, celle de devenir un partenaire toujours plus proche de tous nos clients, car elles nous engagent et nous poussent à répondre à leurs besoins spécifiques par des moyens innovants.» Thomas Buberl, Directeur général d'AXA.
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