10 juillet 2024
5 minutes
En tant qu'assureur et investisseur mondial, AXA soutient les grands changements sociaux et environnementaux. L'expansion de son engagement envers la société à travers l’assurance inclusive et la transition climatique constitue l'un des trois piliers de son plan stratégique 2024-2026. À l'occasion de la publication de deux rapports sur le climat, Martin Powell, responsable du développement durable d'AXA, explique comment, à travers des objectifs ambitieux, le Groupe prépare son plan de transition climatique.
Vous avez pris la tête du département du développement durable d'AXA il y a un an. Quels sont les principaux défis ESG auxquels AXA sera confronté dans les années à venir ?
Par le passé, nous devions faire face à chaque crise de manière indépendante. Aujourd'hui, notre approche est totalement différente : les risques sont de plus en plus interconnectés et nous vivons désormais dans une ère de polycrise, comme nous l’enseigne le rapport le Future Risks Report d'AXA depuis plusieurs années. Le réchauffement climatique constitue un accélérateur de crise et nous devons l'arrêter. Un monde plus chaud signifie moins de ressources comme l'eau. Cela a déjà provoqué des conflits dans certaines régions du globe. Un monde plus chaud signifie également un niveau de la mer plus élevé et une intensification des catastrophes naturelles. Alors, comment pouvons-nous agir ? Tout d'abord, notre rôle est d'atténuer le changement climatique afin d’en réduire les risques pour la population. Nous sommes convaincus qu'il n'est pas trop tard, nous pouvons encore vivre dans un monde sans surchauffe. Ensuite, nous devons protéger nos communautés des effets déjà visibles du changement climatique, ce qui implique une prévention accrue des risques et des engagements plus forts pour aider la société à s'adapter. L'atténuation, l'adaptation et la prévention sont ainsi nos principales priorités.
Deux objectifs de la stratégie 2024-2026 d’AXA sont d’étendre l'assurance inclusive et de poursuivre son engagement pour la transition climatique. Pouvez-vous les détailler et expliquer comment vous comptez les atteindre ?
Nous voulons accroître l'accessibilité de l'assurance aux populations vulnérables dans les marchés émergents mais aussi dans les marchés matures. C'est le sens de notre nouveau produit, lancé en mai 2024, dédié aux micro-entreprises en France. Aujourd'hui, AXA couvre 14 millions de clients avec un produit d’assurance inclusive, principalement dans les marchés émergents. Notre objectif est d'atteindre 20 millions de clients d'ici 2026 dans les pays émergents et les marchés européens. En matière de transition climatique, notre volonté est d’inciter à la transformation. En tant qu'assureur, nous visons 6 milliards d'euros de primes d’assurance verte entre 2024 et 2026, dans des secteurs tels que l'énergie, la construction ou le transport. Nous souhaitons également continuer à accélérer en tant qu'investisseur, en finançant la transition à hauteur de 5 milliards d'euros par an. En plus de financer la transition, AXA se positionne en partenaire de la transition pour ses clients : nous visons à fournir 9 000 solutions et services d'adaptation au climat d'ici 2026 pour soutenir nos clients dans cette démarche. Nous n'y arriverons pas seuls.
Votre département vient de publier deux rapports : un rapport réglementé et un document intitulé "Feuille de route pour un plan de transition climatique". Pourquoi publier deux rapports sur le climat cette année ?
Dans un contexte de réglementation croissante, la transparence est essentielle. Tout d'abord, nous avons publié notre "Rapport Article 29", qui est un rapport réglementaire en vertu de l'article 29 de la loi française sur l'énergie et le climat. Il comprend des informations clés telles que notre alignement avec la taxonomie européenne et nos critères ESG en matière de gouvernance. Mais nous voulions aller encore plus loin. C'est pourquoi nous avons publié cette année un rapport sur le climat et la biodiversité intitulé "Feuille de route pour un plan de transition climatique". Comme vous le savez sans doute, avec l’entrée en vigueur de la directive européenne sur la publication de rapports de durabilité des entreprise (CSRD)*, nous avons l'intention de publier un plan de transition climatique en 2025. Notre "Feuille de route pour un plan de transition climatique" montre la voie que nous allons suivre afin que cette ambition soit couronnée de succès. En plus de mettre en évidence notre vision et notre stratégie, vous trouverez dans ce rapport de nombreux exemples concrets de nos actions en tant qu'assureur et investisseur.
Si nous devions retenir trois chiffres clés de ce rapport, lesquels choisiriez-vous et pourquoi ?
Tout d'abord, je dirais le potentiel de réchauffement et l'augmentation de la température implicite. Le premier indicateur donne la "température" de notre portefeuille d'obligations d'État. En 2023, elle a atteint 2,1°C, soit 0,4°C en-dessous du benchmark**. Le second indique la "température" de notre portefeuille d'obligations et d'actions d'entreprises cotées. Il a atteint 2,2°C, soit le même niveau que le benchmark. En troisième lieu, je tiens à souligner que seulement 1,5% de notre portefeuille d'investissement est exposé aux énergies fossiles. En matière de charbon, nous avons mis à jour notre exposition sur la base de la liste de sortie mondiale du pétrole et du gaz (GOGEL) d'Urgewald***. Concernant le pétrole et du gaz, nous avons ajouté les actifs privés. Depuis 2019, notre exposition au charbon a ainsi diminué de 60% et notre exposition au pétrole et au gaz a diminué de 48%.
Il s'agit du dernier rapport avant l'entrée en vigueur de la directive européenne sur la publication de rapports de durabilité des entreprises (CSRD), qui exige la publication d'un plan de transition climatique. Comment AXA se prépare-t-il à cela ?
AXA est en train de finaliser son analyse de "double matérialité" dans le cadre de la publication de rapports de durabilité des entreprises dans l'Union européenne. Cela signifie que nous allons mesurer l'impact que nos opérations ont sur la société et l'environnement, ainsi que l'impact de la société et de l'environnement sur nos opérations. Ensuite, nous en évaluerons la matérialité des risques et des opportunités. C’est un grand défi pour l'ensemble du groupe, mais nous allons tous bénéficier de cet exercice de transparence : plus de données seront disponibles, nous verrons plus clairement le chemin que nous voulons suivre et nous pourrons comparer avec d'autres entreprises qui font exactement le même travail, et nous accueillons cela très favorablement !